Voici un extrait

Ellya s’était redressée en même temps que lui, sourcils froncés et poings serrés.

— Allez, Haru, ne fais pas ton timide, rejoins-moi !

Le jeune homme tremblait à présent. Un ami de Musius évinça sans problème Ellya. Haru fut poussé en avant par la foule, le contraignant à obéir. Sa camarade dut rester en retrait, sous peine de s’attirer le courroux de ses parents. Son impuissance à lui venir en aide la fit grogner.

L’air tout à fait innocent de Musius ne trompait pourtant personne. Les élèves connaissaient ses penchants et tous se doutaient qu’il s’agissait là d’une vengeance mal placée. Malgré tout, chacun gardait le silence. Il aurait été bien difficile de le prouver, à moins que Clavis ne réfute ses propos. Celui-ci d’ailleurs était devenu livide.

— Je… Je pense qu’on t’a mal renseigné, tenta Haru avec courtoisie, alors qu’il arrivait à reculons devant la scène. Je… Je ne sais pas…

Seulement, personne ne réagit. Le micro était trop loin et même si Musius l’avait entendu, il l’ignora. Il le tira par la main en un geste qu’il voulait faire passer pour de la gentillesse, puis le guida vers le piano.

— Je vois que cette première prestation te rend nerveux, s’amusa-t-il à commenter en usant de ce ton affreusement compatissant. Ne t’inquiète pas, personne ici ne te jugera.

Haru retint mal un rire nerveux tant cela sonnait faux. Tous les parents des élèves allaient l’évaluer, justement, et si Lena n’avait pas été sa mère et Christo son amant, la chute aurait été terriblement plus violente. Mais la personne qui risquait de voir son avenir anéanti par sa médiocrité, plus que lui-même, c’était Clavis. Celui-ci se retrouvait sur un champ de mines où tous penseraient qu’il ne détenait aucun talent pour jauger les autres. Qu’il ne savait pas déceler ce qui était bon ou mauvais, un atout primordial dans la carrière d’un musicien !

Haru examina les touches du piano avec une moue boudeuse. Il ne connaissait que trois accords, et encore, il n’était pas certain de se souvenir du dernier.

Musius, qui se tenait derrière lui, le força à s’asseoir.